L’exemple hollandais

Tous les jours ou presque, la presse locale ressasse avec photos à l’appui les travaux très importants (des dizaines d’engins mécanisés, des tonnes de sable déplacées, autant d’enrochements déversés, etc) destinés à « conforter le confortement » (sic) du soubassement dunaire du boulevard maritime à Barneville-plage.

Et le citoyen lambda de s’interroger : « Pourquoi une telle ampleur de travaux ? Pourquoi une telle débauche de moyens ? ». La réponse tient bien évidemment en une phrase  : « Parce que depuis des années on a quasiment rien fait pour protéger notre littoral ».

Les scientifiques ont beau alerter les décideurs sur l’inexorable montée du niveau de la mer, mettre en garde contre le dérèglement climatique qui amplifie les phénomènes météorologiques, souligner qu’aucun territoire n’est à l’abri de situations exceptionnelles, nos élus, nos élites regardent ailleurs, préférant le sensationnel, le remarquable, le flatteur au travail discret, continu, répété qui assure le territoire et qui rassure ses habitants.

Depuis des décennies, on n’a jamais su dépenser chaque année, de manière régulière, planifiée, quantifiée et discutée, pour réaliser une partie d’un ouvrage global de protection de la côte. On n’a pas trouvé, ou voulu trouver, la centaine de milliers d’euros qui auraient permis d’avancer sur plusieurs dizaines de mètres, année après année, une défense contre la mer. Par contre, dans l’urgence, avant la catastrophe annoncée, on est contraint de saigner le budget communal de plus de 700.000 euros !!!

Si un plan pluriannuel, raisonnable dans son coût unitaire réclamé à chaque budget, avait ainsi été mis en place, aujourd’hui, la totalité de la bordure maritime de la commune serait en sauvegarde initiale. Evidemment que le combat contre la mer est de tous les instants ; évidemment qu’il ne s’agit pas de se reposer sur ses lauriers dès le premier rempart installé ; évidemment qu’il faudra surveiller, entretenir, réparer, compléter et que cela aura un coût renouvelé, mais la protection des personnes et des biens le vaut largement. Qui mettra en regard le prix des morts, des destructions matérielles et morales, s’il est quantifiable, avec celui de l’édification et de l’entretien des digues de protection à La Faulte-sur-Mer ?

Les dangers de la mer sur le littoral du territoire sont certes significatifs mais quand même sans commune mesure avec ceux qui menacent la côte des Pays-Bas :  la quasi totalité du territoire de ce pays est sous le niveau de la mer ; son « hinterland » ne doit d’éviter son envahissement par les eaux maritimes qu’au travail patient, sans cesse recommencé, sans cesse surveillé, sans cesse amélioré de la protection et du renforcement de ses rivages par des ouvrages qui les consolident. Depuis plus de soixante ans, ce pays n’a pas connu d’accidents graves, voire de catastrophes de ses côtes; pourtant, il n’a pas été épargné plus que le Cotentin des aléas météorologiques violents et son littoral n’est pas moins agressé que le notre…

Nos élus ne pourraient-ils pas s’inspirer de la détermination de ce peuple marin qui s’est donné des moyens et a entrepris dans la continuité, des actions dont nous aurions grand besoin, par les temps qui viennent, de nous approprier ?

700.000

C’est le montant hors taxe, et c’est un minimum, que vont coûter les travaux précipités pour rétablir et renforcer la banquette dunaire de Barneville plage. Voilà où sont conduites les finances de la commune par l’imprévoyance, le laissez-aller, le différé réitéré de travaux que l’on savait nécessaires et indispensables : l’érosion de la plage n’est pas phénomène récent, mais rien ou presque n’a été entrepris, pas plus par l’actuelle municipalité que les précédentes d’ailleurs ; chacune faisant sans doute le gros dos, espérant que l’irréparable surviendrait après la fin de son propre mandat. Mais pendant ce temps, dans l’équipe en place, on glosait sur l’aménagement du boulevard maritime et on budgétait même les travaux. Coupable légèreté !!!

Certes, comme à son habitude, le maire que l’on ne savait pas expert en géologie marine et en érosion du littoral, rassure tout le monde en proclamant qu’un temps il y eu trop de sable sur cette plage, puis à une autre époque, comme maintenant, pas assez. A ces lapalissades illusoires et grandiloquentes, on préfèrera les exposés techniques et prudents de ses adjoints en charge du problème …

Le même a asséné avec un indubitable aplomb qu’il obtiendrait des aides et des subventions de partout, ce qui ne laisserait qu’une facture finale modeste pour la commune. On attendra de voir. Quoiqu’il en soit, ce ne sera certainement pas lui qui devra, le moment venu, équilibrer si besoin, le budget communal …

A la lumière de cet évènement ni fortuit ni imprévisible, les électrices et les électeurs de Barneville-Carteret seraient fondés à s’interroger s’il serait sage de confier pour six ans, les clefs de la mairie, à une équipe de sortants adoubée par l’ex-maire dont les conséquences de la carence sont sous les yeux de tous.

De l’économie « casino » (suite)

Ce matin, 15 janvier 2014, journal de 09 h 00 sur France-Inter : « Les français ont moins joué aux jeux d’argent en 2013 ; tous les secteurs sont touchés… y compris les casinos« .

Il est peut être grand temps  d’arrêter de leurrer les habitants de Barneville-Carteret avec cette tocade d’argent facile à gagner pour la commune, solution mirifique colportée par des édiles en mal d’imagination, ce mistigri à l’allure de martingale que se refilent avec gourmandise les municipalités depuis des années.

Les prétendants aux fonctions municipales de mars prochain seraient sans doute bien avisés d’abandonner ce projet chimérique pour se concentrer sur d’authentiques desseins capables de permettre à notre population de vivre et travailler « au pays », d’enrayer l’inexorable déclin démographique de la commune et son vieillissement accéléré, de redresser la disparition des commerces et de favoriser leur saine concurrence.

Sur les bancs de l’école primaire, il y a déjà longtemps, on apprenait les fables de La Fontaine ; l’ une d’elles s’intitulait : « Perrette et le pot au lait », d’aucuns semblent l’avoir oubliée.

Impéritie(*)

(*) Impéritie : Manque d’aptitude, d’habilité, notamment dans l’exercice de sa fonction (Le petit Robert).

Bel après-midi d’hiver, soleil timide, pas de vent : l’occasion rêvée d’aller se rendre compte sur la plage de Barneville des dégâts causés à la dune, sous le boulevard maritime, par les dernières grandes marées assorties de vents de suroît tempétueux et de faible pression barométrique.

Sur place : noria de tracteurs apportant dans leurs remorques des tonnes de sable retiré du port, ballet de pelleteuses et de buldozers étalant et dressant celui-ci, sur l’estran, des tumulus de gros blocs de pierre prêts à venir faire rempart contre le flot … le tout dans la précipitation car, chaque mois de cet hiver et de ce printemps, de forts coefficients de marée sont annoncés.

Tout cela est très bien et semble à la mesure des démolitions opérées par la mer en colère et de prévenir celles à venir. Et ces matériaux, ces heures de machines et de personnel, surtout s’il a fallu en catastrophe retirer hommes et matériels de chantiers en cours, cela va, sans aucun doute, coûter très cher, voire très, très cher …

Et là, une question prégnante surgit à l’esprit : « mais si on avait pris le temps de faire tout ce travail, par tranches, tout au long des années passées, nous n’en serions certainement pas là aujourd’hui ? ».

Oui, mais pendant tout ce temps, les décideurs débattaient, discutaient, évaluaient, prenaient avis de tel cabinet d’experts, puis de tel autre, déclenchaient une étude ici, puis une autre là, avançaient d’un pas, puis reculaient de deux … Devait-on  mettre des enrochements ? ou plutôt des boudins de sable ? si oui, plutôt parallèles au rivage ou plutôt perpendiculaires ? Ah oui, mais il y a, le Conseil général qui…, et puis aussi la DDTM (1) que … et puis encore la DREAL (2) si …, et puis encore ci et puis encore ça. Au final, dix mille bonnes raisons de ne rien faire et de remettre à demain ou à après-demain …

La mer, elle, elle se fiche des atermoiements des hommes et quand les conditions sont réunies, elle part avec sa force incommensurable à l’assaut des rivages que les imprévoyants ont laissé sans défense.

Récemment, un journaliste de radio (France Bleue Cotentin) relayant et prolongeant les propos du Vice-président du Conseil  de la Manche (Erick Beaufils) à propos de l’état dégradé du quai d’armement du port de plaisance de Carteret, suite à un manque évident d’entretien, avait parlé « d’amateurisme » dans la manière dont la municipalité de Barneville-Carteret, concessionnaire du port, avait géré ce dossier.

Serait-ce exagéré de reprendre le mot pour la manière dont a été traitée la défense du littoral ?

(1) DDTM : Directions Départementale des Territoires et de la Mer ;

(2) DREAL : Direction Régionale de l’Environnement,de l’Aménagement et du Logement.

Nota : On lira avec intérêt, l’article relatif à la « Défense contre la mer » dans le bulletin de décembre 2013 de « Côte des Isles Valorisation« 

De l’économie « casino »…

Ainsi donc, à la veille des élections municipales, ressortent les vieilles lunes qui, à défaut d’être une véritable perspective de développement de Barneville-Carteret, font saliver les impétrants et dispensent de se montrer imaginatif quant aux recettes à apporter au budget municipal.

Il s’agit bien de vieille lune car cela fait au moins trois mandatures municipales que cette manne virtuelle est présentée comme la solution miracle pour remplir les caisses de la commune. Et les imaginations de s’enflammer sur le produit potentiel du reversement à la commune de sa part d’impôt sur les mises des jeux d’argent : c’est 300.000 € d’attendus chaque année ; mais non, c’est au moins 500.000 € de sûr ; pas du tout, c’est plus de 700.000 € qui vont tomber, etc, etc !!! Déjà à ce niveau, on peut s’interroger sur le point de savoir si nos édiles ou ceux qui aspirent à l’être ont entendu parler d’une certaine crise économique ?

Outre le côté moral de ce prélèvement, il s’agit quand même de la taxation d’une addiction qui -surtout concernant les machines à sous (les fameux bandits-manchots ; tiens « bandits » comme par hasard)- touchent souvent des revenus modestes pensant se « refaire » en touchant le « jackpot » ; cependant, on n’ira pas plus loin sur cet aspect de la chose, comme on ne s’étendra pas non plus sur la réputation sulfureuse de ce secteur d’activité.

En revanche, plus intéressant est le regard sur la situation locale de ce pan de l’économie, si ce dernier terme peut être utilisé. La côte ouest du Cotentin (ou presque) compte quatre casinos -Cherbourg, Agon-Coutainville, Granville et Saint-Pair- qui, s’ils fonctionnent à peu près, ne sont tout de même pas dans le « top ten » des grands établissements français de l’espèce. En effet, la région bien que touristique, ne draine pas les flots de touristes nationaux ou étrangers que peuvent connaître la Côte d’Azur, le Languedoc-Rousillon voire la Vendée ou le sud Bretagne. En outre, à la différence d’autres régions -les frontalières- nul réservoir d’étrangers en goguette pour venir flamber autour de nos tables… Ah mais pardon, le Cotentin dispose à sa porte, des îliens de Jersey et Guernesey, injustement privés, sur leur terre des joies des jeux d’argent, du moins en casino, et qui s’impatientent de venir dépenser leurs livres dans nos établissements de jeux. Si c’était le cas, cela se saurait et se verrait, aussi bien, les statistiques d’entrées montreraient la très, très forte présence de nos voisins dans ces établissements existants…

Ouvrir donc à Barneville-Carteret, le cinquième casino de la côte ouest, ne reviendrait qu’à  partager la clientèle qui fréquente déjà les casinos établis avec peut-être, à la marge, une légère augmentation due à l’effet de nouveauté. Cette clientèle existante est et resterait bien évidemment nationale car le principal des transferts isles / continent se fait par St-Malo (n’y a-t-il pas un casino sur place et à Dinard ?) quand aux britanniques de la grande île, ils passent plutôt encore par St-Malo et Ouistreham que Cherbourg (villes toutes pourvues en casino).

Au surplus, pour un transfert direct sur Carteret, donc une arrivée de plein pied au nouveau casino, de quelles infrastructures de transport dispose la commune pour recevoir ces joueurs espérés ? Ce n’est pas l’indigence des passages erratiques de Manche Isles Express ou bien la faiblesse des places visiteurs disponibles dans le port de plaisance actuel qui peuvent répondre à cette potentielle demande.

En dépit des rodomontades de l’actuelle municipalité comme, il faut aussi le dire, des précédentes, le citoyen lambda, n’a jamais, ne serait-ce qu’entrevu, la moindre étude économique de faisabilité soit-disant exposée par les « casinotiers » intéressés par les appels à projet. D’une part, bien peu d’entre eux se bouscule pour réaliser « l’implantation du siècle » et, d’autre part, pour autant qu’on le sache, aucun des « grands noms » du métier n’a jamais manifesté une marque d’intérêt sérieuse sur un tel projet.

Il y a fort à craindre que pour longtemps encore, on amuse la galerie avec ce genre de hochet, mais comme disait un certain : « les promesses n’engagent que ceux qui y croient ».