Drôle de cadeau de fin d’année offert aux fanfarons, aux sûrs-de-soi, aux fiers-à-bras, aux méprisants, aux droits-dans-leurs-bottes, enfin à tous ceux (et toutes celles) qui étaient certains que l’agrandissement du port de plaisance de Carteret était plié et que la dénaturation du havre allait être un long fleuve -ou plutôt, au cas particulier, un long havre- tranquille…
Mais voilà, alors même que l’on avait chanté sur tous les toits que la quasi totalité de la population de Barneville-Carteret, avait, avec enthousiasme et engouement, approuvé le projet et était, qui plus est, impatiente de constater sa réalisation, las, une association environnementale et une vingtaine de résidents viennent de déférer devant le Tribunal administratif de Caen, l’autorisation de travaux accordée par le Préfet de la Manche.
On nous avait donc menti, ou à tout le moins, largement enfumé, sur ce consensus presque général et tout en ferveur, car il y a fort à parier que les sceptiques, les réservés, les dubitatifs et autres « peu emballés » sont très certainement beaucoup plus qu’une vingtaine…
Il ne s’agit certes pas encore d’un barrage sur le cours du chantier mais déjà d’un sérieux embâcle*… Les progressistes, ceux pour qui le progrès est peu ou prou de plier la nature à leurs désidératas au risque même qu’un jour celle-ci « se venge » (cf. : La Faute-sur-mer), se trouvent donc sérieusement freinés par une horde de gaulois, de réfractaires, de grincheux , d’aigris, de jamais contents, de passéistes, etc, etc, incapables d’envisager les edens vers lesquels les visionnaires, les phares de la pensée post-moderne, les avant-gardistes, les « constructeurs » et les « positivistes » veulent les emmener.
On ne peut s’empêcher, même si le cas est différent, de rapprocher une réelle prévention à l’égard de l’extension du port de Carteret du rejet de la construction d’un nouveau port de plaisance à Brétignolles-sur-mer en Vendée.
Et si les citoyennes et les citoyens désiraient simplement que la nature soit un peu plus et mieux respectée ?
* Embâcle : obstruction du lit d’un cours d’eau par la glace, du bois flotté, des déchets divers flottants qui en limitent le débit.