Loi littorale : suite mais pas fin

L’Assemblée nationale a, avec une grande sagesse, repoussé les petits arrangements que le Sénat, emmené entre autres par M. Bas, un des représentants élus de la Manche, souhaitait apporter à la Loi littorale, afin de lui donner, disait-il, « un peu plus de souplesse »… Qu’en termes choisis, cette chose là est dite… Elle n’a amendé la Loi que de manière très marginale, repoussant du même coup les manoeuvres de la seconde Chambre, et c’est tant mieux.

En fait, chacun n’était pas dupe et avait bien compris qu’il s’agissait là en vérité d’un premier accroc à la Loi qui devait permettre, aujourd’hui de continuer à construire sévèrement sur le littoral et demain … d’urbaniser à tout va, sous le prétexte honorable de régler quelques cas marginaux et manifestement regrettables.

Bien évidemment, à la suite, choeur des pleureuses pour déplorer qu’elles avaient été mal comprises, qu’il s’agissait seulement d’apporter un peu de fluidité et de précision à un texte trop rigide et imprécis et, la main sur le coeur, de jurer que, jamais au grand jamais, il ne s’était agi d’entreprendre le contournement d’une loi qui tient à distance les « bétonneurs » de tout poil.

Le littoral du Cotentin, celui dont on se préoccupe au premier chef, est apprécié d’abord et avant tout parce que son rivage n’est pas bordé en continue par une barrière dense, profonde, serrée, continue de bâti auquel s’ajoutent le plus souvent tous les équipements indispensables qu’il exige : il suffit de voyager un peu en France, d’ouvrir les yeux et laisser jouer une once de sens critique pour s’affliger de l’état de certaines de ses côtes et de leur arrière-pays.

S’il n’est pas illégitime de souhaiter demeurer près du rivage, de disposer d’une vue agréable voire exceptionnelle, d’avoir à portée toutes les commodités, de pouvoir s’y rendre aisément, une toute autre chose est de saturer le littoral de bâti avec en corollaire, très souvent (cf. la côte méditerranéenne), l’appropriation du bord de mer au point de n’y même pas laisser passer le promeneur… La propriété privée est tout-à-fait respectable pour autant qu’elle n’empiète pas sur le domaine public et qu’elle ne prive l’ensemble des citoyens de leur légitime droit à aller et venir et à partager ce qui constitue le bien commun. Or on sait, hélas trop, comment se comportent certains dès lors qu’ils disposent de l’argent et usent (abusent ?) des facilités qu’il permet…

Au surplus, il existe, ici comme ailleurs, suffisamment de possibilités de bâtir en retrait du strict bord de mer, lequel est d’ailleurs, dans beaucoup d’endroits, classé en zone à risques où pour la jouissance privée et très temporaire de quelques uns, l’aide et l’effort financier de tous sont un jour réclamés (cf.. La Faute-sur-mer).

La vigilance continue de s’imposer !!!

 

 

 

 

 

 

Femmes* de …

* Epouses, compagnes, amies, etc.

Dans la lamentable affaire Fillon dans laquelle ce dernier oppose à de légitimes interrogations, du moins en démocratie, une défense minable et pitoyable par laquelle il tente de justifier un improbable travail d’assistant parlementaire de son épouse à son profit, par d’évanescentes considérations de caractère général et flou tenant au partage et à l’échange social de celles et ceux qui forment un couple.

Il fût aidé en cela par l’incontournable commentateur de la vie politique française depuis les débuts de la Vème République, le tout en finesse et subtilité (titre partagé avec l’ineffable et inusable J.-P. Elkabach), Alain Duhamel qui a déclaré à propos de l’emploi de Mme Pélénople Clarke, épouse Fillon : « Elle a forcément joué un rôle social auprès de son mari » (fermez le ban).

En effet, quelle que soit la matérialité du travail annoncé effectué par cette dame, on peut être assuré qu’à l’instar de toutes les femmes d’hommes publics, elle ne peut qu’avoir eu un rôle relationnel certainement important et chronophage. Si c’est avant tout pour cela que son député d’époux la rémunérait, alors pourquoi n’en serait-il pas de même de toutes celles qui accompagnent d’autres hommes publics comme les préfets, les militaires de haut rang, les hauts fonctionnaires, les ambassadeurs, les présidents de ceci ou de celà, et jusqu’aux maires ou autres élus locaux, et dont la présence est très souvent remarquée à leur côté dans l’exercice de leurs obligations fonctionnelles ?

Grâce à l’ingéniosité de ce M. Fillon : quel fantastique gisement de créations d’emplois ! Quelle abondante source de cotisations sociales ! Quelle prodigieuse diminution des statistiques du chômage ! Quelle énorme injection de liquidités dans la consommation des ménages ! Voilà un vrai et enchanteur programme électoral !!!

Merci M. Fillon de faire ainsi rêver « les femmes de … », elles qui trop souvent ne sont que celà.

NB : Les femmes heureusement aujourd’hui sont aux places qui ne revenaient jadis qu’aux hommes, aussi bien, ce billet peut aussi se lire à front renversé.