Poker communal (?)

Devant l’engouement massif et intense manifesté par les médecins à venir s’installer à Barneville-Carteret, sans aucun doute, l’effet « belle et captivante  » ne semblant pas, peu s’en faut,  suffire à l’attractivité du lieu, son premier magistrat vient, à deux reprises, de faire connaître ses solutions, lesquelles relèvent plus de la surenchère d’une partie de poker que la gestion raisonnée d’une cité.

Afin de pourvoir aux besoins en personnel médical indispensables à la commune, celui-ci propose en effet, outre des offres qui sont dans l’ordre du normal (logement) quelques friandises qui interpellent (place de port, repas au restaurant)  ; ne manquent que quelques gâteries qui doivent, elles, relever de la surprise post-installation…

En effet, sur les friandises, il est surprenant voire choquant d’entendre pareilles propositions : On ignorait que l’attribution des places au port de plaisance relevait du bon vouloir du maire et qu’au contraire, celle-ci se faisait de manière transparente et égalitaire par la capitainerie, selon le principe de l’ordre d’inscription et en fonction des places libérées dans la catégorie de bateau concernée. Serait-on revenu aux petits arrangements opaques qui présidaient à une précédente gestion et où un maire militait pour l’attribution d’une place à un dernier inscrit au prétexte de sa notoriété locale ? Comme disait un certain humoriste : « tous les hommes sont égaux, mais il y en a qui sont plus égaux que les autres »…

Par ailleurs, sauf à ce que les finances personnelles de l’édile prennent en charge la redevance annuelle de cette place comme des notes mensuelles de restaurant, il ne semble pas que les exigences de la comptabilité publique et les règles comptables des collectivités locales autorisent pareilles facéties ; il y a fort à parier que ce genre de virtuelle acrobatie financière soit sévèrement censurée par la Chambre régionale des Comptes dès lors qu’elle deviendrait effective, sauf à être habilement dissimulée… Le contribuable barnevillais-carterétais serait certainement intéressé de connaître, pour le cas où ils seraient accordés, qui paiera ces cadeaux sensés pallier, il faut bien en convenir une fois encore, un manque d’appétence marquée pour une si « belle et captivante » cité.

Il est stupéfiant de constater que l’unique solution avancée aujourd’hui face à un quelconque problème du quotidien des citoyens soit l’argent, encore l’argent, toujours l’argent. Triste et sinistre époque vouée au dieu Mammon !!!

On retrouve au plan local ce que l’on constate au plan des états pour ce qui concerne la fiscalité : le « dumping » et l’égoïsme digne de clochemerle.

 

Les donneurs de leçons…

Dans le dernier numéro du bulletin municipal de Barneville-Carteret récemment distribué, le maire commet un éditorial surréaliste au travers duquel il déroule, d’une part, ses théories économiques -néo-libérales, forcément néo-libérales- tout-à-fait dans l’air du temps et, d’autre part, fait la leçon tous azimuts à celles et ceux des décideurs politiques qui dépensent -mal, forcément mal- l’argent public dans des investissements, de son point de vue, dispendieux et peu utiles. Le tout sous le double éclairage du bon sens que les autres n’ont pas mais que lui bien évidemment possède et d’un coup de pied de l’âne (pardon aux ânes) à ses collègues et adversaires politiques qu’il se permet de frapper de sa vindicte, sans toutefois les nommer mais que tout un chacun peut reconnaître.

Sur le premier point, les habitants de Barneville-Carteret sont certainement hautement intéressés par ces digressions économico-financières généralistes et proches des lieux communs les plus avérés de l’orthodoxie financière thatchéro-réganienne et, il faut le dire, aux relents quelque peu populistes. Ils auraient certainement été autrement intéressés par une réflexion plus précise et plus concrète sur les finances de leur commune, le cadre de vie de demain, les services maintenus ou créés, les investissements sérieux à mettre en place, etc.

Le bulletin municipal est d’abord et avant tout le média sensé parler du quotidien des habitants, y compris dans  » l’édito » du premier magistrat, et les considérations théoriques et éthérées seraient sans doute à meilleure place dans les salons parisiens et les assemblées du Medef où se cultive avec aisance l’entre-soi.

Quant au  second point, il aurait gagné en pertinence et crédibilité si le censeur vétilleux était lui-même exempt de toute critique de l’espèce. Comment reprocher à d’autres, l’argent mal dépensé dans des infrastructures « au coût astronomique » (sic), « fastueuses » (re sic) ou « démesurées » (re, re sic) pour satisfaire avant toute chose « l’avidité de certains édiles à marquer leur passage » (re, re, re sic) alors même que chez soi, il a été « claqué » plus de 200.000 euros dans un skate-park à la fréquentation plus qu’improbable et que l’on milite pour une extension portuaire de cent places à peine pour un coût qui dépassera sans aucun doute les 6 millions d’euros au bénéfice de quelques « happy few » sûrement résidents permanents de la commune, sans parler de l’aménagement pharaonique de la place Flandres-Dunkerque de Carteret prévu à 2,5 millions d’euros (base 2016) ; ceci, pour ne prendre que trois exemples pour lesquels on peut, à bon droit, se dire qu’il pourrait être fait bien d’autres choses et de plus utiles pour le quotidien des résidents, avec cet argent public.

Même si tout cet argent ne sort pas totalement de la poche de la municipalité, c’est quand même de celle des contribuables (Commune, Département, Région, Etat, Europe) qu’il vient, car les subventions, participations, emprunts, apports directs et indirects mis en avant pour faire croire à un faible engagement communal sont faits d’impôts et de taxes payés par tous et dont le même se plaint d’être « écrasés » ; mais cela permet, surtout, de ne pas apparaître comme celui qui les lève…

Vérité en deçà des Pyrénées (ou de la RD 650), erreur au-delà …

Et le désert avance…,

Le sujet n’a fait l’objet que d’un court entrefilet dans la presse locale, pourtant son importance est grandissime. Au cours du dernier conseil municipal, le maire a fait information d’une lettre adressée par les personnels du pôle médical réclamant avec insistance l’appui de la municipalité pour le remplacement, actuellement des plus incertains, des médecins locaux qui vont, au fil des mois à venir, partir en retraite.

Un conseiller municipal (M. Legouet) a appuyé là où ça fait mal en relatant la même situation, en plus préoccupant, pour Portbail. Selon le-même, au regard de la couverture  médicale, la Côte des Isles inquiéterait au niveau départemental (CPAM).

Le moins qu’on puisse en dire, c’est qu’au cours de ce conseil municipal, hormis l’intervention précitée, la situation rappelée n’a pas eu l’heur d’émouvoir outre mesure les conseillers présents tant il est vrai que des sujets autrement plus prégnants semblaient occuper les esprits. Les réflexions entendues donnaient même plutôt à penser qu’on se cantonnait dans un fatalisme certain.

Le quotidien des résidents permanents de Barneville-Carteret, aujourd’hui d’une moyenne d’âge élevée et en voie forcément de s’accentuer, avec une demande nécessairement amplifiée de besoins médicaux, ne saurait, on s’en doute, prévaloir sur le confort et l’occupation des touristes en vacances.

Au surplus, le dernier bulletin municipal, à la différence du magazine de la communauté d’agglomération (2 pages), est d’un silence assourdissant sur le sujet. En revanche, deux pages aussi sont consacrées à l’avalanche de divertissements empilés entre la mi-juillet et la mi-août. On a les priorités qu’on peut…

Demain dans un désert médical avéré, il restera aux vieux de Barneville-Carteret malades d’aller se faire soigner au pôle médical de Les Pieux ou de La Haye-du-Puits…à condition, bien entendu, d’avoir un véhicule et d’être en état de le conduire, à défaut, d’appeler le 15 ou le 18 et d’encombrer le services des urgences de l’hôpital Pasteur à Cherbourg.

Perseverare diabolicum

Sur les mâts à pavillon de la commune a refleuri ces jours-ci, le chiffon loqueteux aux couleurs fanées et au slogan improbable, sensé symboliser la cité et lui donner, du moins le suppose-t-on, de la visibilité. A cette occasion, celui-ci est accompagné de celui du département tout aussi moche et tout aussi dynamique.

Dans un précédent billet, il avait été déjà dit tout le mal que cette médiocrité faseyante inspirait à beaucoup de citoyens barnevillais-carterétais, en n’apportant strictement rien, si ce n’est le changement pour le changement, posture typique du soit-disant « nouveau monde » et alors même qu’il existe de longue date un  pavillon communal autrement visible et autrement chargé de sens et d’histoire…

Mais las, des esprits forts et sûrs de leur omniscience ont décidé qu’il convenait de changer…

Dans le prolongement de ce mouvement novateur, comme le faisait remarquer avec justesse un résident carterétais de longue date, il conviendrait certainement d’inviter le président de la région Normandie à repenser l’oriflamme du territoire, en remplaçant par exemple les léopards par des chiens, de préférence couchés et de race, peut-être caniche nain, d’une couleur brune indéterminée sur fond jaune pisseux. Enfin une bannière en concordance avec les deux précitées.

Imagine-t-on les armées de Guillaume partant à la conquête de l’Angleterre sous de pareils gonfalons… ?

Roll-on, roll-off

Ainsi, le président de la région Normandie n’a rien de plus urgent, de plus prégnant dans la gestion du quotidien de  ses concitoyens que d’amuser la galerie avec une pseudo-monnaie (le rollon) sortie des élucubrations de politicards en mal de masquer l’essentiel par le subalterne. Alors que les citoyens de Normandie et plus particulièrement du Cotentin sont confrontés à des problèmes qui leur « pourrissent » la vie de tous les jours, au hasard : la « merdique » ligne SNCF Paris/Cherbourg, l’avancée gravissime du désert médical en la presqu’île, le dramatique enclavement de ce même territoire de par l’absence d’une desserte routière nord-sud digne de ce nom, etc, etc (le lecteur complétera à sa guise tant les sujets sont nombreux), le responsable régional et ses séides font « mumuse » avec de l’argent virtuel comme les enfants avec l’épicerie-jouet offerte en cadeau de Noël. L’heure n’est même plus au « jeunisme » mais carrément à l’infantilisme.

On rappellera simplement à ces amuseurs publics, un principe élémentaire d’économie : la bonne monnaie (on) chasse la mauvaise (off).