Sans doute cornaqué par tout ce que les littoraux de France comptent de maires bétonneurs, de promoteurs immobiliers avides de profits faciles, de retraités aisés adeptes de la spéculation immobilière, d’agioteurs de tout poil profitant de la nécessité de disposer d’un toit ou du besoin d’être hébergé pour les vacances, le sénateur Philippe Bas, par ailleurs président du département de la Manche, a entrepris par voie législative de s’attaquer à la Loi littorale.
Pour l’heure, il ne s’agit pas d’une attaque frontale et totale, le sénateur est trop madré et trop rompu aux subtilités de la politique politicienne pour s’attirer une riposte trop marquée des défenseurs de l’environnement maritime et des vigies surveillant la Loi de 1986, dont le moins qu’on puisse en dire est que cette dernière a bien protégé les rivages nationaux de la voracité des prédateurs visés ci-avant, évitant que ceux qui avaient été épargnés par la folie foncière des années 70 se retrouvent comme la Vendée, une partie de l’Aquitaine et la côte méditerranéenne…
Mais une loi qui est toujours un compromis, très souvent le résultat de longues et fastidieuses discussions, est semblable à un maillage dont la solidité de l’ensemble tient à la cohésion des sous-ensembles qui la composent. Aussi bien, faire sauter une maille, ce que constitue l’action entreprise par le sénateur manchois, permet à terme de mettre bas (sans jeu de mot) l’ensemble par un détricotage subtil et patient ; une maille après l’autre.
Aujourd’hui, il s’agit de combler des soit-disant « dents creuses » (on ne savait pas que le littoral était à ce point édenté !!!) , puis demain, sans aucun doute, de prolonger un peu le foncier bâti avec des zones d’activités économiques (que ne ferait-on pas au nom de l’emploi !!!), puis après-demain, entre ces espaces, de nouvelles zones d’urbanisation (les travailleurs, il faut bien les loger et le tout tourisme, il faut bien lui permettre de s’épanouir).
On ne touche pas impunément au littoral et aux espaces naturels préservés, surtout que le pire est à venir avec les effets du réchauffement climatique…
Mais il est à craindre que beaucoup de décideurs d’aujourd’hui se contrefichent du monde qui va être laissé aux générations à venir : ils ne seront plus là !!! L’important pour eux et ceux qui les mandatent, c’est d’en profiter au maximum et, comme dans l’opérette de Jacques Offenbach, « de s’en fourrer jusque là « .