Du sens des mots.

D’une manière générale, l’utilisation du vocabulaire est aujourd’hui soumise aux injonctions non de l’information qui exige la précision, mais de la communication qui se contente de l’à peu près.

Et cela à tous les niveaux de la gestion publique, à commencer par le plan local. Deux exemples à cet égard tout à fait significatifs : Les impôts locaux et les pistes cyclables.

La municipalité claironne à qui mieux mieux « Pas de hausse des taxes locales » (cf : le mot du maire in La feuille d’information municipale d’avril 2016). C’est objectivement faux et il n’est, pour chacun,  que de ressortir ses derniers avis d’imposition pour constater que le montant à payer, même d’une fraction minime, chaque année progresse. Ce qui est vrai par contre, c’est que les taux d’imposition n’augmentent pas (il y aurait d’ailleurs beaucoup à dire sur la faiblesse scandaleuse de celui du foncier non-bâti et de sa base globale à B-C…). L’explication réside dans le fait que chaque année, par un vote du Parlement, les bases (revenu cadastral = valeur locative cadastrale – abattement forfaitaire) d’imposition sont augmentées par application d’un coefficient forfaitaire. Autrement dit, à bases physiques constantes, les revenus des collectivités progressent quand même sans qu’il soit nécessaire que les taux augmentent. Mais diable, pourquoi est-ce si difficile de dire les choses ? Sans doute parce qu’il est plus « vendeur » de déclarer et faire croire que la pression fiscale est stable.

La commune vient de tout récemment se doter de « pistes cyclables », c’était nécessaire pour une station de vacances digne de ce nom ; il était temps et on peut considérer que c’est plutôt bien !!! Mais pourquoi parler de pistes alors qu’il ne s’agit que d’une simple séparation de trafic, une bande de roulage matérialisée sur la chaussée par des lignes de peinture ? Une piste cyclable qui mérite cette dénomination (voir aux Pays-Bas) consiste en une chaussée séparée, exclusivement réservée à ses usagers, protégée de la circulation automobile et totalement indépendante des autres trafics ; Valognes par exemple, dispose, elle, d’une vraie piste cyclable sur le Bld Félix Buhot (ex-RN 13 vers Cherbourg). Les Bataves doivent quelque peu ricaner lorsqu’on leur montre les « pistes » de B-C…  De plus, il y a fort à parier qu’avant longtemps (c’est déjà le cas), on trouve sur ces fameuses bandes, des voitures garées à-cheval, des engins motorisés et qu’elles ne soient, par leur chevauchement, que le moyen pour les voitures d’aller plus vite et de pouvoir doubler en agglomération. Là encore, pourquoi est-ce si difficile d’utiliser le juste mot pour qualifier une réalisation ou une situation ? Peut-être par ce que ce mot juste ne serait pas assez valorisant, pas assez publicitaire, pas assez médiatique ?

Albert Camus disait « mal nommer les objets ( le réel au sens philosophique) c’est ajouter au malheur de ce monde ». En effet, ne pas dire l’exacte vérité, contribue à déformer le réel, à tromper le citoyen pour obtenir son consentement, à le conduire tôt ou tard à la résignation. On n’ose imaginer que ce soit le but ici recherché.

 

 

 

 

 

 

La valse de l’argent public…

Tous les décideurs politiques serinent à longueur de déclarations qu’il n’y a plus d’argent, que l’Etat les étrangle, que les impôts locaux sont au maximum, etc, etc, mais pour le Tour, là, tous les guichets sont ouverts : Pour le département : 2,6 millions d’euros ; La région : 1,3 : la ville de Cherbourg 0,5 ; la com-com de Ste-Mère : 244.000 euros ; la ville de St-Lô : 200.000 ; le Mont-St-Michel : 170.000 ; Gouville-sur-Mer : 5.000 (la PdLM du 29 juin) ; chiffres bien sûr non définitifs. Et allez donc, rien n’est trop beau pour l’hystérie Tour-de-France !!! Et on suppose que pour les autres villes et villages, c’est du même tonneau (des Danaïdes, bien sûr !!!). Et c’est l’argent du contribuable …

Mais que l’on ne s’alarme surtout pas, en contre partie, c’est une pluie de « dollars » qui va s’abattre sur le territoire : des millions de visiteurs, une activité économique décuplée et surtout, une notoriété mondiale assurée, qu’on vous dit !!! A moins que la météo … On en reparlera peut-être…

Pourtant, on aurait pu en faire des actions avec tout cet argent balancé dans le spectacle, l’éphémère,  le superficiel pour la seule satisfaction de quelques uns… Les écoles, ça attendra ; la santé et les hôpitaux, ça attendra ; les associations, ça attendra ; les infrastructures utiles, ça attendra ; l’emploi, ça attendra ; les aides aux vieux, aux handicapés, aux démunis, aux mal-logés, ça attendra ; et l’on en finirait pas de lister tout ce que ces « jeux du cirque » conduisent à différer. Pour tout cela, il n’y a pas d’argent, mais ce n’est pas grave, il importe avant tout d’assurer le divertissement du citoyen pour mieux l’anesthésier !!!

En réalité et en bonne logique, c’est toute cette clique « tourdefrancesque »qui devrait payer : payer pour utiliser les équipements publics ; payer pour déranger gravement les populations ; payer pour les travaux faits à la va-vite pour la manifestation ; payer pour la décoration (très souvent de mauvais goût) des rues et avenues, des boulevards et ronds-points ; payer pour transformer les habitants en hyper-consommateurs de produits matraqués par la caravane commerciale ; payer pour détourner les spectateurs en collectionneurs de gadgets « made in China » et de publicités imprimées dans le tiers-monde ; payer pour « saloper » les sites et paysages ; payer pour capter une part du commerce local.

Cette débauche de « fric » inutile est écoeurante et révoltante, d’autant qu’elle est orchestrée par celles et ceux à qui a été confiée la responsabilité de gérer les collectivités et le produit des impôts locaux avec discernement et rigueur.

Mme Chantal Jouanno (sénatrice, ancienne ministre des sports et ex-championne de karaté) dont le jugement ne saurait être sujet à caution puisque du même bord politique que la grande majorité des édiles locaux, reconnaissait : « le sport (mais peut-on encore ici parler de sport ?) est mis en scène par les politiques dès lors que cela sert leur image. Il y a un message dans chaque sport« . Tout est dit.