En mains l’article de Ouest-France du 23 octobre 2013 sur le projet de casino à Barneville-Carteret dans lequel le maire donne sa « vision » de celui-ci, après un rappel des fiascos récurrents des deux précédentes municipalités sur le même sujet.
Réaction en un mot comme en cent : Déplacé !!!
Et de relever : « On (la municipalité) leur (les casinotiers) demande ce qu’on (la municipalité) peut faire ici » autrement dit : » venez faire du « business » ici, comme vous l’entendez, avec le terrain de la commune et l’argent du contribuable (viabilisation, etc), de plus sans retour à terme, on le suppose, des investissements privés à la puissance publique ». En effet puisque les manières de faire antérieures n’ont rien donné (exigences préalables des municipalités aux casinotiers), on prend le problème à rebours et on se plie aux desiderata de l’exploitant. Et celà, au dire même de l’édile, pour une minable ristourne de 4% sur le chiffre d’affaires. Si ce n’est pas de l’ultra-libéralisme très en vogue aujourd’hui, ça lui ressemble sérieusement.
Bien sûr, comme à l’habitude, ce projet sera justifié au nom de la sacro-sainte création d’emplois. Mais une dizaine d’ emplois hypothétiques, ne revenant pas forcément d’ailleurs à des locaux, n’autorisent pas de faire tout et n’importe quoi : Ce n’est pas parce que la commune est classée « station balnéaire » qu’on se doit d’avoir forcément un casino (le cinquième dans le département … ) !!!
Puis on continue : « Contrairement à ce qu’on pense, ce ne sont pas les Anglais ou les touristes qui font marcher les casinos l’hiver, c’est la population du secteur » On ne discutera pas cette péremptoire affirmation : l’auteur du présent point de vue n’étant pas un habitué des salles de roulette, de « black jack » ou de poker. Et quand bien même ledit casino ne serait pas limité aux salles de jeux (salle de spectacles, restaurant, bar, etc), tout sera fait pour y amener le chaland ; si les casinotiers étaient des philanthropes, ça se saurait !!!.
Mais au delà, donner à penser que c’est la population de Barneville-Carteret, voire celle de la Côte des Isles qui ferait tourner le casino local, n’est rien moins que déplacé.
Et l’on est forcément en droit de se demander si le maire de la cité depuis, comme il le dit, le 28 mars, a eu le temps d’analyser la composition sociologique de la commune (âge, situation, occupation, activité, habitat, loisirs des habitants), d’étudier le rôle communal de l’impôt sur le revenu (moins de 50 % de foyers imposables), les rôles des impôts directs locaux (dégrèvements et non-impositions importants) et de lire l’excellent rapport du trésorier des Finances publiques sur la capacité contributive des Barnevillais-Carterétais et sa structure.
En effet, c’est certainement la population locale, majoritairement de plus de 65 ans, disposant d’une petite retraite, avec des soucis de santé et des charges domestiques qui n’en finissent pas d’augmenter, ou encore celle des jeunes ménages des HLM ou des résidences sociales inquiets pour l’emploi qui va se précipiter en masse pour « flamber » à tout va, au tout nouveau casino pendant les longues soirées d’hiver … Il est plus à craindre que l’activité d’un casino soit alimentée par le « black » que réalisent quelques margoulins locaux pour le recycler (voir un article de la Presse de la Manche sur le haut niveau de l’économie souterraine dans le département). Et la crise ? On aurait pas entendu parler de la crise ; celle qui a conduit même les casinotiers à aller pleurnicher auprès des pouvoirs publics pour obtenir une limitation de leurs prélèvements au prétexte d’une baisse de 24 % de leur chiffre d’affaires en 2013 ?
Tout cela manque quelque peu de sérieux, voire de respect pour la population modeste de la commune .
C’est cette même population qui préfèrerait sans doute, à l’argent facile et parfois douteux des salles de jeux, aux paillettes et à l’artifice d’un véritable miroir aux alouettes (voir un précédent blog -l’économie casino- sur la très faible crédibilité économique d’un tel projet), des associations nombreuses, vivantes et financièrement soutenues, à la mesure de ses vraies attentes.
Malheureusement pour ces dernières, elles coûtent et ne rapportent rien.