Le sapeur Camember : le retour…

On avait quelque peu oublié ce personnage farfelu et déconcertant, à la logique absurde, tiré de l’excellente, bien que passablement ancienne, bande dessinée de Christophe qui avait fait le bonheur de milliers de lecteurs de la fin du XIXème siècle (et aussi après).

Qu’on se console, il a été retrouvé et a, peut-être, élu domicile, c’est une vraie chance, à Barneville-Carteret.

En effet, le Conseil général 50 avait, lors de le construction du port de plaisance de Port des Isles, dépensé des millions pour creuser et canaliser le chenal du havre afin, à l’évidence, de permettre l’accès des bateaux pendant environ 5 heures aux installations portuaires ; ce, même par petit coefficient de marée.

Mais voilà, des algues qui se déposent sur la rive sud du chenal, y pourrissent et dégagent une odeur qualifiée de pestilentielle par quelques nez parisiens quelque peu délicats ; les mêmes qui, sans doute, s’étonnent que pommes de terre et carottes comportent des traces de terre ou encore qu’ une odeur de poisson subsiste sur les quais où la pêche est débarquée (on se souvient qu’un précédent maire ambitionnait de faire disparaître les casiers des pêcheurs stockés sur les quais pour cause d’odeur et d’esthétique !!!). Ainsi va le monde moderne dans lequel les légumes calibrés, cultivés hors sol, doivent être aussi délavés et, pourquoi pas désinfectés (?) ; dans lequel aussi, un port de pêche ne doit pas abriter de chalutiers et ses quais ne pas être encombrés d’apparaux halieutiques. Vive le paysage aseptisé !!!

Mais on s’égare : retour au chenal. Depuis quelque temps une chenillette (la fameuse chenillette à 170.000 euros, enfin livrée) a repris de remuer les sables envasés de la rive sud du chenal et de les repousser dans le creux de celui-ci afin, espère-ton, que l’effet de chasse de la marée les entraîne au large.

La même expérience conduite en milieu d’année dernière avec un engin expérimental n’a eu pour effet que de combler le milieu du chenal d’un talon de vase noirâtre qui a fait remonter le fond d’environ un mètre, obligeant les autorités maritimes à émettre un Avurnav (avis urgent aux navigateurs) pour informer les bateaux de la nouvelle profondeur réduite du chenal…

Au surplus, cette année, il semble que l’on ait entrepris de déverser en plus, des tonnes de sable extraites du banc qui chaque hiver se forme au droit de la dique nord (30.000 euros tous les ans pour le dégager) et que l’on semble disposer, pour l’heure, en haut de berge. Si cela se confirme, vu la granulométrie de ce sable et l’action de balayage de la marée, il y a fort à parier que ledit sable ne se retrouve plus que rapidement au fond du chenal, réduisant encore sa profondeur.

C’est sans importance : le sapeur Camember, creusait bien de nouveaux trous destinés à  combler les précédents. Il n’y a pas d’argent, entend-t-on en permanence à propos des finances municipales, mais on trouvera bien quelques fonds de tiroirs, plus tard, pour draguer une fois encore le chenal. Faire et défaire : c’est travailler.